15 ans après « Porno Blues« , John B. Root revient avec un nouveau livre, « Le pornographe et le gourou » aux Editions Blanche. Roman ? Autobiographie ? Essai ? Un peu des trois à la fois.
Synopsis :
Comment avait-il pu être assez bête pour croire qu’il avait été un artiste ou, du moins, un créateur iconoclaste et politiquement incorrect ? Quelle cécité ! La pornographie, pensait à présent Valentin, c’est la léthargie, l’abrutissement, le silence, l’obéissance. Le porno, comme la drogue, l’alcool, la prostitution, est une camisole qui garantissait l’ordre social et un jour viendra, se disait-il, où la consommation de X sera obligatoire.
» T’es-tu vidangé les testicules aujourd’hui, citoyen-consommateur ? Et Non ? Alors fais-le tout de suite sinon tu ne recevras pas tes points de rationnement pour acheter ta bouteille de pastis. »
Valentin est déprimé. Il était devenu réalisateur de porno dans les années 90 pour lutter contre la peur d’être impuissant et, vingt ans après ses débuts, plus seul et plus paumé que jamais, il part en Inde à la recherche d’un gourou…
Cette comédie iconoclaste sur le X et la spiritualité est-elle une autobiographie de son auteur ? Valentin ressemble à John B. Root, mais il est pire que lui.
Plus dingue, plus naïf, plus vaniteux… et son destin est beaucoup plus surprenant.
Le pornographe et le gourou, de John B. Root
Editions Blanche
160 pages, 16€
On savait déjà, depuis son autobiographie « Porno Blues » (La Musardine, 2000) que la vie de réalisateur de films X n’était pas aussi excitante qu’on l’imagine.
Dans ce roman, John B. Root raconte l’histoire de Valentin, un réalisateur de films X qui est entré dans ce métier parce que « la pornographie renfermait une clé et qu’il devait la découvrir », et aussi pour échapper à la malédiction de « la Reine Blanche », une mère possessive et castratrice, qui l’empêche de bander pour les filles qu’il aime.
Le livre, construit en va-et-vient entre un présent proche (2017-2019) et le passé du héros décrit le parcours chaotique d’un homme qui essaie de se trouver et de trouver un sens à sa vie, tout en racontant aussi une histoire du porno, de ses ambitions, et de la loi du marché qui les a réduites à néant : « Pendant des années, Valentin avait fait du bon porno pour des mauvaises raisons. A présent, il faisait du mauvais porno sans aucune raison ».
Après des hauts et des bas tant sentimentaux que professionnels, Valentin le pornographe touche le fond après une retraite en Inde, et se retrouve « clochard aux Buttes-Chaumont » avant de renaître sous les traits du « gourou » de Mandalore, à la tête d’une multinationale écologique.
La première moitié du livre est sombre, et on se prend à espérer que Valentin ne soit qu’une projection de son auteur et pas un double, même si les points de convergences sont nombreux et explicites ; mais à partir de l’Inde, on entre dans le domaine de l’utopie, où tout le monde vit ensemble dans la joie, la sérénité, l’amour et le partage, et où on se demande « pourquoi une double ne serait pas tendre, amoureuse et mystique, hein ? »
Le groupe des « Padawans » réuni autour de John B. Root rappelle assez l’ambiance de ses tournages et « il ne voulait filmer que le rire, la joie, le jeu » – et permet à la fois au lecteur de clore le livre sur une note plus positive que le reste, et au « pornographe » de vivre enfin dans le « monde de plaisirs rêvés, angéliques, sans péchés, sans douleurs » dont il s’est toujours senti exclu : le paradis, quoi…
Une « belle et édifiante » histoire, donc, écrite de manière originale et maîtrisée ; certes, le happy ending est un peu trop beau pour être vrai mais donne l’occasion à l’auteur de clamer son amour et sa foi pour un porno « indispensable, consolateur, provocant, malpoli, ingénu, cathartique et beau » !