« Le Porno des Amateurs » – Interview de Michel Soulier – Tele Cine Video – 06/1987

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Replongeons nous dans la Bibliothèque Porno de notre Musée du X … Et parcourons le magazine Télé Ciné Vidéo de Juin 1987 … magazine dédié aux programmes TV et aux sorties de cassettes vidéo … les fameuses VHS !!!! Comme nombre de magazine de cette époque, bien avant la déferlante du porno sur internet … le magazine était doté d’un cahier X … où l’évoquait l’actualité pornographique !

En ce début d’été 1987 … Michel Soulier est interviewé à propos du phénomène des vidéos amateurs … Cet article nous rappelle qu’il était à l’origine et à la tête du Magazine d’annonces libertines Nanou Contact … qui deviendra également un diffuseur, mais aussi créateur de contenus pornographiques… notamment Amateurs ! Un genre qui connaitra son apogée … toujours chez Nanou … quelques temps plus tard avec la célèbre Laetitia … « Reine du porno amateur » dans les années 90 et compagne de Michel Soulier.

Découvrez ci-dessouus la transcription de l’interview de Michel Soulier en Juin 1987. Retrouvez également notre transcription de l’Echo des Savanes de Décembre 1996 consacré au Porno Amateur.

LE PORNO DES AMATEURS

Ce sont tous des amateurs. Hétéros, homos, échangistes ou voyeurs, ils se filment sans pudeur et avec hardiesse.

Michel Soulier, fondateur, gérant, maquettiste, standardiste et doublure à l’occasion, leur sert d’intermédiaire. Sa société, Nanou, édite en K7 les meilleures séquences qu’on lui en voie. Du X amateur qui répond manifestement à un besoin. Il explique les raisons de son succès.

Télé Ciné Vidéo — Vous avez commencé avec une revue, Nanou Contact.

Michel Soulier — Echangiste moi-même, et peu satisfait de ce que nous trouvions, mon amie et moi, par le biais des annonces de Swing et autres, J’al eu l’idée de créer ma propre revue Le numéro un est sorti en février 1982.

Je fonctionnais uniquement par correspondance. Ça a bien marché pendant deux ans, à raison d’un numéro tous les deux mois. Puis les postiers ont commencé à voler mon courrier ! J’ai changé cinq fois de nom, de domiciliation, etc. J’avais la paix trois mois et ça recommençait. Alors j’ai changé de système. J’ai gardé la vente par correspondance (qui ne représente que quatre cents numéros) et le reste des quatre mille exemplaires est diffusé en sex-shops (avec des bouillons raisonnables). Cela représente six cents lettres d’annonceurs par numéro, dont un bon tiers s’accompagne de photos. En 85, J’ai essayé de monter, à Montpellier toujours, une ligne de téléphone rose, mais mon banquier n’a pas suivi.

TCV — Comment avez-vous eu l’idée de passer au film amateur vidéo ?

M.S. — Pendant l’été 85, on s’est réunis un Jour à deux couples et une copine. Nous avions trois caméras VHS. J’avais imaginé un début de scénario, pour nous amuser.

Une femme dirige un gang qui enlève deux femmes et les oblige à tourner dans un porno. Je pouvais donc avoir une caméra dans le champ de ma deuxième caméra.

Après un bon repas au bord de la mer, on a commencé le tournage. Comme le voulait le scénario. après la première scène hard, la « réalisatrice », excitée par ce qu’elle tournait, a demandé à l’un des messieurs de l’honorer.

La nana du jules, furieuse de voir son Jacquot prendre son pied, fait une scène, gifle la rivale et rembarque son petit homme. Le film ne s’est jamais fini, mais ça m’a donné l’Idée du hard amateur.

TCV — Comment avez-vous recueilli vos premiers films ?

M.S. — J’ai lancé le bouchon dans Nanou et les gens ont répondu. Certains m’ont envoyé leur cassette, d’autres m’écrivaient : « On voudrait bien tourner, mais on n’a pas de caméra ». Je suis alors allé les filmer chez eux. A Aix, Nice, Bordeaux, Lille… La première cassette amateur (avec six séquences différentes) est sortie fin 85.

TCV — Pourquoi utilisez-vous tant la post-synchro ?

M.S. —Pour les trois premières cassettes, on a refait le son, c’est vrai. Ensuite Je n’y ai plus touché, Si les gens savent se filmer, le son, lui, les gêne beaucoup. Je reçois souvent des cassettes totalement muettes, ou bien avec de la musique : les gens ont mis un disque ou branché la radio. Je ne peux pas passer ça.

TCV — Quelle est la proportion de séquences tournées par vous ?

M.S. — La moitié environ. Ainsi la femme aux beaux seins, le couple sans visage devant son lavabo, le mari et la femme au barbecue, la dame qui change de robe entre deux portes, etc., me sont arrivées telles quelles.

TCV — Et la femme à la boule de lit ?

M.S. — Ça, c’est moi. Elle n’a pas voulu tourner avec son mari. Elle a pris une copine, très froide, pas intéressée.

TCV — Dans cette séquence (comme dans d’autres), on voit votre moniteur dans le champ.

M.S. — Ça dégèle les plus coincés de se voir sur un écran. Ils sortent du réel. Là, elle s’est régalée. Je lui al demandé de déchirer son pantalon. Elle était belle. Des talons très hauts. Ce cul qui s’asseyait sur la boule, c’était magnifique. Mals Je n’avals pas assez de recul, et mon angulaire n’était pas assez large.

TCV — Pourquoi toutes vos cassettes sont-elles « spécial anal » ?

M.S. — Ça me plaît. Ça se volt rarement, sauf chez Dorcel, et encore. Et le Français aime la sodomie. Alors faisons-en. Mais tout n’est pas satisfaisant. Les gens sont masqués ou ne cadrent pas leur visage…

TCV — Qu’est-ce pour vous qu’un amateur ?

M.S. — Si une fille travaille pour quelqu’un avec des dialogues à dire et des scènes à faire et qu’elle touche un cachet, c’est une actrice. Si elle n’est pas payée et qu’elle dise et fasse ce qu’elle a envie de taire et dire, c’est un amateur. Je ne dirige pas les gens. Il m’arrive de dire « lève un peu la jambe, que je fasse un gros plan ». Ça s’arrête là. Les gens, dans mes vidéos, sont des gens de tous les jours.

TCV — Pourquoi une rubrique d’échanges de documents

M.S. — J’y tiens. Une revue de rencontres, d’échangistes, ne s’adresse pas aux hommes seuls (un homme seul n’a rien à échanger). Ça s’adresse à des couples. Or, à 90%, ce sont des hommes seuls qui achètent les revues et les vidéos. J’ai donc créé cette rubrique. Ils sont heureux de se faire plaisir en achetant une vidéo à un modèle ; et en même temps ils n’embêtent pas les autres couples. Dans la plupart des revues, le « couple qui recherche autre couple… » reçoit cinquante lettres de célibataires, du style « Je ne suis pas exactement ce que vous cherchez, mais… ». Chez moi les fantasmeurs peuvent fantasmer. Ça me parait très bien. Ils achètent leur vidéo ou leurs photos, et laissent les autres tranquilles. Bizarrement, cette rubrique de modèle exaspère les échangistes.

TCV — Qu’est-ce que votre cassette « nouvelle formule »: spéciale annonces ?

M.S. — Mes cinq premières cassettes présentent des séquences hard d’amateurs qui veulent rester anonymes. La nouvelle est un catalogue vidéo avec prénom et numéro de référence dans ma revue. Ça ne s’était Jamais fait. Mals surtout, maintenant que la vidéo se démocratise, les gens vont échanger leurs cassettes (comme ils échangeaient leurs photos il y a vingt ans). Or je veux éviter l’arnaque. Et les escrocs sont partout. Ils achètent des vidéos à des modèles professionnelles Puis Ils l’envolent à un couple. « Voilà ma femme. Envoyez-mol la cassette de la vôtre ». Et les honnêtes gens se font duper. Au niveau photo, c’est incroyable. Je reçois des photos que j’ai faites moi-même il y a six ans, ou bien même des clichés tramés ! Ce qui Prouve que les escrocs sont parfois naïfs. Les gens de mes petites annonces existent vraiment, tout comme leurs cassettes.

TCV — Comment repérez-vous les films bidons ?

M.S. — Je connais beaucoup de modèles et beaucoup des films tournés. L’habitude de photographier les femmes fait que je les reconnais tout de suite. Et une modèle tourne souvent dans le même cadre.

TCV — Avez-vous eu des problèmes avec la censure ?

M.S. — En janvier 87, un vent de folie a soufflé dans les sex-shops. J’al eu deux revues interdites et une cassette à problèmes. Pour savoir à quoi m’en tenir, J’al téléphoné au 36, quai des Orfèvres. Et Je suis monté à Paris. Un monsieur très gentil : « C’est bien monsieur Soulier, de venir nous voir ». Et il m’a expliqué : « Pas de chaînes, pas de cages, pas de colliers de chiens, pas les mots « esclaves, soumis, etc. » ». Je suis rentré à Montpellier et j’al pris mon cutter.

TCV – Comment se passe le tournage ?

M.S. — Je tourne toujours chez les gens, le soir, après leur travail. Ce ne sont ni des fauchés, ni des gens pleins de pognon. Je viens en général avec mon amie. Parfois les gens sont inquiets : Ils croient que c’est mafia et cie. D’autres sont heureux « Ah, vous voilà, monsieur et madame Nanou ». Une heure de tournage donne un quart d’heure de film. Les gens veulent se faire plaisir ils sont excités de tourner et de savoir qu’ils seront vus par la France entière. Mais une fois la caméra sur pied, il leur arrive de ne pas savoir quoi faire. Parfois l’homme tombe en panne, il faut improviser. Avec l’ancien VHS, il me fallait, pour une photo correcte en intérieur, trois mille Watts, c’est-à-dire trois grosses lampes. C’est énorme, lourd à transporter et ça intimide. Avec le 8 mm, une torche de trois cents Watts suffit.

TCV — A quoi travaillez-vous ?

M.S. – Depuis avril, Nanou est sur minitel. Ç’est une messagerie érotique, bien sür. Dans Transpac, il n’y a que le cul qui marche Je suis le troisième échangeur français. Swing arrive à connecter deux cents personnes en même temps. Le nouvel obs, trois cents. Ne pas être à Paris n’est pas gênant si on est présent en pub sur un support national.

TCV — Et le SIDA ?

M.S. — Ça freine beaucoup. Dans le milieu échangiste, il est fréquent de se retrouver dans des boites panachées : homos-hétéros. Avant, les hétéros rigolaient des homos qui avaient peur. Maintenant, tout le monde est Inquiet.

Télé Ciné Vidéo – 06/1987 – Propos recueillis par Alain Minard.
De:
Date: août 22, 2021

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